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Elmire

Elmire

© 1998 M.-A. Stegmann

Il y a longtemps, bien longtemps, vivait au pays des sables dorés, une belle fille prénommée Elmire. Elle habitait dans une merveilleuse oasis où le ciel était toujours bleu transparent. Dans son domaine on pouvait compter 27 palmiers-datiers qui se balançaient doucement dans le vent.
Et je vais te dire un secret : tous les deux ans avait lieu dans son village un grand concours. Tu te demandes sans doute quel genre de concours c’était ? Oh ! C’est très simple et quand même un peu compliqué à la fois. Il fallait, à l’aide de ce qu’on avait appris et de toute l’expérience qu’on avait accumulée, faire un travail parfaitement puis enseigner à d’autres à le faire et ainsi, transmettre ce savoir-faire.

Quel était donc l’objet de ce concours ? Et bien, c’était de tisser un très beau tapis et de guider d’autres jeunes filles à tisser aussi pour elles-mêmes leurs propres tapis. Et sais-tu quel était le grand prix ? Une belle maison calme et fraîche pour vivre en toute sérénité. Tu penses bien que c’est ce dont Elmire avait justement grande envie ! Donc, évidemment Elmire s’y était inscrite.

Curieusement, depuis ce moment, elle se sentait pleine de points d’interrogation. Bizarre, n’est-ce pas? Elle déambulait pensivement dans son oasis, un peu courbée, comme sous le poids d’une lourde charge. Et cela durait, durait ; et l’échéance se rapprochait, se rapprochait. Qu’allait-elle faire ? Plus le temps s’écoulait, plus les points d’interrogation d’Elmire grossissaient. Elle en venait à se promener la nuit, marchant de long en large. Tu te rends compte !

Or un matin, une étoile filante lui fit signe. Allait-elle déchiffrer sa signification ?

Très rapidement, elle comprit que l’étoile filante lui montrait une direction. Celle de la maison d’une personne qu’elle aimait beaucoup et qu’elle consultait souvent quand elle avait un souci. Elle s’y rendit donc de ce pas et ses pas devinrent déjà plus confiants et plus sûrs. Lorsqu’elle arriva chez sa conseillère, elle se sentit déjà mieux. On ne saura jamais ce qui s’est dit entre elles ce jour-là, mais toujours est-il que dès lors, Elmire se mit au travail avec ardeur. Ses doigts habiles tissaient avec dextérité les fils de soie délicats et les couleurs chatoyantes s’unissaient avec bonheur.

Avec une compétence et un talent extrême, elle sut montrer aux plus jeunes, comment faire. C’était comme si les fils de soie où dominaient les teintes de tous les bleus possibles et imaginables se mêlaient d’eux-mêmes aux fils dorés et argentés, aux fils du jour et de la nuit, aux fils du soleil et de la lune. Pendant qu’elle était au travail, on entendait le vent dans les palmes, l’âne du voisin braire et en même temps tout était calme et harmonieux.

Tu as déjà deviné qui a remporté le concours, n’est-ce pas ?
Maintenant, je vais encore te dire quelque chose : j’ai retrouvé le vieux parchemin sur lequel son amie et conseillère avait écrit comment s’y prendre pour réussir, on ne peut rien lire, mais Elmire, elle, le sait.

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