Le défi des amis
©2007 Barbara Potelle
Cette métaphore a été faite pour Corinne qui, avec son problème d’aiguille au pied « empoisonnée » car inopérable. Selon ses termes, elle se voit comme la petite sirène, ne peut plus courir dans la forêt, ce qui était pour elle un très grand moyen de décompression, de clarification de pensées et de méditation. Ce handicap lui fait penser qu’elle a perdu sa « liberté primitive » (tant physique que mentale) et qu’il n’y a pas de solution (les autres sports ne lui procurent pas cette « délivrance »). Elle pense que son corps essaye de lui dire par cette aiguille qu’elle pouvait être « libre » à 20 mais moins à 42 (…). Elle voudrait avancer différemment, mais elle ne voit pas comment. Elle aimerait à nouveau pouvoir « voler dans les airs », « courir comme une chèvre » et regagner souplesse et liberté dans tous les sens du terme.
Il y a fort longtemps de cela, à l’époque où chevaliers et héros parcouraient les routes pour délivrer les princesses et accomplir de hauts faits, vivait un groupe d’amis qui avait fort belle prestance. Ils étaient majestueux, et on parle d’eux encore maintenant.
Ils étaient connus et acclamés à 20’000 lieues à la ronde, tant leurs exploits étaient phénoménaux. Il faut dire que cette équipe incroyable était composée de la fine fleur des héros ; il y avait Krino d’Airain, si fort qu’il arrivait à déplacer des montagnes, Norki l’Agile, si rapide et si alerte que lorsqu’il passait, on aurait dit le vent. Rokin était le meilleur chef de toutes les contrées. Il connaissait l’énigme de la préparation des mots, c’était le secret de la saveur des mannes qu’il préparait. Vient ensuite Ikron « le Jeune », fils d’Ikron le Sage, dont on peut dire que bon sang ne saurait mentir et qu’il était d’une ingéniosité et d’une intelligence rare. Enfin Okrin, le Poète des épopées, déclamait si habilement et si merveilleusement que ceux qui l’entendaient semblaient eux même imprégnés de la force et du courage des héros de ses histoires.
Ces illustres personnages se connaissaient depuis leur plus tendre enfance, et avaient traversé bien des aventures et batailles ensemble, ils avaient partagé leurs peines et leurs joies, leurs colères et leurs franches parties de fou-rires. Ils avaient beaucoup en commun : leur sens de l’honneur, de noblesse de cœur, d’enthousiasme et de joie de vivre, et étaient tous déterminés à faire partager et à mettre au service de qui en avait besoin toutes ces qualités et ces valeurs. Individuellement ils étaient merveilleux, ensemble ils étaient invincibles.
Cette héroïque compagnie allait donc par monts et par vaux, de villes en campagnes à la recherche de quelques hauts faits à accomplir afin d’aider les gens et maintenir la paix et l’harmonie dans les contrées qu’ils traversaient.
Depuis un certain temps déjà, ils n’avaient, leurs semblaient-ils, rien eu à faire de vraiment palpitant. Ils avaient labouré et ensemencé tous les champs d’une ville en une journée. Ils avaient offert un merveilleux repas à tous les habitants d’un village et des hameaux avoisinants dont le chef mariait son fils, mais qui n’avait pas beaucoup d’argent. Ils avaient gardé toute une couvée de dragonnets pendant que leurs parents partaient à la recherche de nourriture. Et ainsi de suite … rien de véritablement extraordinaire à leur yeux … Une certaine routine semblait donc s’être installée.
Ils marchaient depuis un moment sur une route qu’ils ne connaissaient pas, juste à la frontière d’un royaume dans lequel ils ne s’étaient pas encore aventurés, quant ils virent au loin un gigantesque amas de moellons et de poutres.
– Allons voir, dirent-ils tous en cœur
Arrivés devant ce monceau de pierres, ils lirent un panneau :
« Salut à Toi Ô Bâtisseur, Héro ou Aventurier,