Le fidèle et étrange compagnon de route de Zora l’exploratrice
©2007 Véronique Klay Scheidegger
Dans un passé pas très lointain, et en des contrées à la fois étrangères et familières, Zora l’exploratrice voyageait depuis quelques années, animée par le goût d’incessants périples et de nouvelles découvertes. Zora nourrissait une telle envie de rencontrer des cultures et des habitudes de vie différentes des siennes, que son appétit de découvertes et de nouvelles aventures était insatiable. Zora ne tenait pas en place, et même si ses ressources financières l’obligeaient parfois à faire une étape pour gagner quelques deniers, sa passion pour les voyages la renvoyait chaque fois sur les chemins de la découverte du vaste monde.
Zora avait pour fidèle compagnon de route son bâton de pèlerin, qui tel un ami toujours présent pour la soutenir, cheminait à ses côtés. Se croyant investi d’une mission, ce dernier se tenait toujours à portée de sa main pour lui permettre de marcher d’un pas plus sûr et lui servir d’appui au cas où elle trébucherait.
Parfois, dans sa précipitation et son envie d’aller au devant de nouvelles aventures, Zora oubliait son fidèle ami au pied d’un arbre ou au bord d’une rivière. Alors le bâton de pèlerin se dressait immédiatement sur sa route pour lui offrir son soutien et sa rassurante compagnie.
Même si Zora le trouvait parfois un peu envahissant, elle appréciait néanmoins sa présence réconfortante et son joyeux compagnonnage.
Un beau jour, alors qu’ensemble ils traversaient un hameau reculé, ils rencontrèrent un vieil homme assis à même le sol qui leur adressa un regard rempli de tristesse. Zora et son compagnon, tous deux touchés par les larmes qui perlaient au fond de ses yeux, s’arrêtèrent et lui dirent en cœur : « Bonjour, mon Bon Monsieur, il y a-t-il quelque chose que nous puissions faire pour vous ? » Et le Bon Monsieur répondit : « Comment se fait-il qu’une jeune femme en pleine santé, qui a l’audace de parcourir le vaste monde toute seule ait besoin d’une canne pour se déplacer ? Il me semble par ailleurs que vos jambes vous portent à merveille, jeune fille, n’est-ce pas ? ». Surprise et étonnée par les paroles du vieil homme, Zora lui répondit que son bâton de pèlerin était son fidèle compagnon de route depuis de longues années. Toutefois, au contact du vieil homme réduit à l’immobilité, Zora se rappela que son compagnon était avant toute une canne, et il lui prit aussitôt l’envie de l’offrir au vieil homme. Son fidèle compagnon allait ainsi remplir une nouvelle mission : servir de béquille à un vieil homme privé de l’usage de ses jambes. Par la même occasion, il permit à une jeune fille de prendre pleinement son envol, car il ne fait aucun doute qu’elle avait désormais en elle toutes les ressources de confiance et de sagesse pour poursuivre son chemin au gré de ses envies, sans l’aide ni la complicité de son fidèle compagnon !