LE LANGAGE
© Auteurs Floriane et Jean-Pierre Briefer
Article paru dans Ars Medici 10/97
Le langage est un ensemble de signes avec lesquels nous codifions notre expérience. Les mots que nous employons tirent toute leur signification de l’expérience sensorielle à laquelle ils sont associés. C’est bien cette association qui va donner au mot sa signification.
L’expérience primaire est l’expérience sensorielle : je vois, sens, entends, goûte (VAKOG = visuel, auditif, kinesthésique, olfactif, gustatif). Le mot n’aura de signification qu’en fonction du VAKOG auquel il renvoie. Le langage, lui fait partie de l’expérience secondaire.
Autrement dit, les mots “aurore boréale” n’auraient pas beaucoup de sens pour vous si vous n’en aviez jamais vues, ni réellement, ni dans un livre.
La distinction entre expérience primaire et secondaire est très utile. Comme le dit Alfred Korzybski, “la carte n’est pas le territoire”. Cela signifie que la carte (le langage), n’est pas le territoire (l’expérience) qu’elle représente. Beaucoup de difficultés de communication proviennent de cette confusion. Beaucoup de personnes ne trouvent pas d’issues à leurs difficultés car elles ont confondu ces deux niveaux.
Dans votre pratique thérapeutique, vous connaissez sûrement autant d’expériences désignées par le mot “dépression” que de patients venus vous consulter car ils se sentaient dépressifs. Il s’agira ici de faire préciser à chaque patient le sens exact du mot, du message. Et tant que vous n’avez pas aidé la personne à réassocier son discours avec son expérience, son vécu, vous n’aurez pas d’idées précises sur ce qu’il vit spécifiquement.
Exemple :
– J’ai des angoisses, vous voyez Docteur ?
à Attention aux réponses trop rapides du style…
– Oh oui, je vois !
à Pour l’instant vous ne pouvez rien voir du tout ! Vous pouvez tout au plus interpréter, deviner, construire ce que vous imaginez être l’expérience de votre interlocuteur.
– Pouvez-vous m’expliquer précisément ce que sont ces “angoisses” pour vous ?
Patient 1 : – C’est quand je sens ma gorge serrée et là, j’ai de la difficulté à parler à mes collègues !
Patient 2 : – C’est quand je suis dans la rue, je sens mon cœur battre dans mes tempes et je pense que je vais devenir fou !
Patient 3 : – C’est quand je me réveille au milieu de la nuit et que je peux plus me rendormir !
Patient 4 : – C’est à cause de mon mari !-
Que fait-il précisément ?
– Je ne sais jamais à quelle heure il rentre !
Comme vous l’avez compris, les mots sont des mots et pour bien communiquer, il va être important de ne pas les confondre avec ce qu’ils représentent : le mot rose n’a pas d’épines et le mot chien n’aboie pas !
L’idée qu’on se fait de la réalité, n’est pas la réalité. Attention à ne pas mélanger la réalité et la vision que nous en avons. Bien des mésententes et peut-être même des erreurs médicales sont dues à cette confusion.
Auteurs :
Floriane Briefer,
enseignante certifiée PNL, membre de l’Association Internationale des Formateurs INLPTA
E-mail: floriane.briefer@pnlcoach.com
et
Dr J-P. Briefer, médecin généraliste FMH
E-mail: jpbriefer@iprolink.ch