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Le raton laveur au prénom mélodieux

Le raton laveur au prénom mélodieux
© 2002 Briefer Elodie

Il était une fois, n’importe où, n’importe quand, un joli raton laveur qui avait un joli prénom. Ce prénom, quand on le prononçait, avait la sonorité d’une douce chansonnette.
Il vivait en haut d’une colline, dans une clairière bordée d’une forêt. Juste avant que le soleil se lève, la rosée se déposait doucement sur l’herbe composée de mille tons de verts différents ainsi que sur les fleurs aux mille couleurs qui composaient la clairière. Ces fleurs, dans leur tendre enfance de graine, avaient été déposées au hasard à un endroit ou un autre de cette magnifique colline, après un long voyage au gré du vent. Le soleil qui illuminait et réchauffait la clairière par jour de beau temps leur permettait de grandir et de s’épanouir. De temps en temps, de gros nuages assombrissaient le ciel et des gouttes de pluie leur apportaient l’eau de la vie.

Le joli raton laveur au prénom mélodieux vivait paisiblement dans cet endroit aux mille merveilles. Une seule chose le préoccupait : il voulait se construire une jolie maison pour s’abriter les jours de pluie, mais il avait tellement d’idées qui bouillonnaient dans la tête, de formes, de couleurs, d’emplacement pour son futur abri, qu’il n’arrivait pas à se décider. Il voulait construire une cabane dans un arbre, mais aussi une cabane à l’endroit précis ou arrivaient les premiers rayons de soleil le matin et puis à l’endroit qu’illuminaient les derniers rayons du soleil couchant, et il voulait une grande maison pour avoir de la place pour ranger ses affaires mais également une petite pour qu’il lui reste une partie de la clairière en guise de jardin, et encore beaucoup d’autres. Et il se disait que, bien sûr, il fallait qu’il choisisse entre toutes ses idées celle qui était la meilleure, car lorsqu’il aurait construit une maison, il n’y aurait plus assez de place ou de bois pour en construire d’autres il ne pourrait donc plus changer d’avis. C’était une décision difficile à prendre pour ce jeune raton laveur de couleur gris miroitant.

Un beau jour, il finit par choisir une de ses idées la plus extravagante et la plus convenable.
Il décida de construire une maison de bois avec une base carrée et un haut rond, percée de petites fenêtres de toutes les formes et de toutes les tailles.
Sans même avoir dessiné les plans de sa future maison, il se mit au travail, emporté par son élan. Il partit couper du bois dans sa forêt qui bordait la clairière et bâtit la base carrée de sa maison. Mais à peine avait-il finit de construire la base, qui correspondait au rez-de-chaussée, qu’il se rendit compte qu’il n’y avait plus de bois dans la forêt et qu’il ne pouvait donc pas finir sa maison ! Contre son gré, il dut abandonner son idée là où il l’avait menée et attendre que le bois repousse. Il se disait que les arbres repousseraient vite et qu’il pourrait alors continuer la construction.
Mais des jours puis des mois s’écoulèrent et le raton finit par réaliser que les planches qu’il avait mises en place, ballottées par le vent et arrosées sans cesse par la pluie ne tenaient plus debout. Tout ce qu’il avait fait était fichu et il était désespéré.
Quand les arbres eurent finalement repoussé, les idées qui bouillonnaient dans sa tête jadis revinrent lui enflammer l’esprit. Après avoir de nouveau longuement réfléchit, il opta pour une cabane haut perchée sur un grand chêne, d’où il aurait une vue imprenable sur sa clairière et sur les mille tons de vert de l’herbe et les mille couleurs de fleurs. Il se mit donc au travail, toujours sans dessiner les plans de sa cabane, tellement il avait hâte que son idée prenne forme. Mais malheureusement, comme la dernière fois, il manqua de bois et ne put achever son abri. Il dut donc, encore une fois, attendre que les arbres repoussent et les planches qu’il avait posées se dégradèrent.

Un jour d’été, alors que le soleil réchauffait agréablement la clairière et que notre raton au joli prénom, la forêt ayant repoussé, se préoccupait à nouveau de la prochaine maison qu’il allait bâtir, un immense oiseau éclipsa le soleil. Le raton laveur leva la tête et l’aperçut.
– Salut raton d’argent, dit l’aigle, que fais-tu ?
– Bonjour bel oiseau, dit le raton laveur, je réfléchis à la maison que je vais construire pour m’abriter des intempéries. Il faut que je fasse le bon choix car la quantité de bois et la place dont je dispose sont limitées. C’est là un choix définitif qu’il faut que je fasse et donc un choix très important.
– C’est vrai, dit l’oiseau, c’est un choix difficile, mais pourquoi ne vas-tu pas chercher du bois ailleurs, il existe beaucoup d’autres forêts et beaucoup d’autres clairières de par le monde que tu peux exploiter.
Sur ces mots, l’oiseau disparut et le soleil réapparut.
C’est alors que notre joli raton se rendit compte qu’il n’avait jamais pensé à aller voir ce qu’il y avait derrière sa forêt. Après quelques hésitations, il prit un baluchon avec quelques affaires dont il aurait besoin et il partit, transporté par sa curiosité. Une fois la forêt dépassée, il découvrit une vue magnifique depuis le haut de sa colline. Un paysage très vaste avec des forêts immenses et des prairies à n’en plus finir s’étendait devant ses yeux grand ouverts.
C’est ainsi, qu’émerveillé, il partit à la découverte de ce que l’oiseau appelait « Le Monde », avec dans la tête pleine d’idées de maisons qu’il pourrait cette fois toutes construire car il disposait désormais du bois et de la place nécessaire.

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