Un programme de vie
Certaines personnes trouvent du plaisir dans la facilité, d’autres dans la difficulté.
J’ai souvent entendu dans mon enfance la remarque : la vie n’a pas dû être facile pour toi avec un regard attristé et un ton de pitié. Ces personnes m’ont surtout appris que ce qui n’est pas facile est douloureux. J’ai donc appris comme la plupart des enfants qu’il faut à tout prix éviter ce qui est difficile.
Actuellement je pense avoir remis largement en question ce message limitant. Je remercie même la vie de m’avoir amené toutes les difficultés que j’ai affrontées et qui m’ont permis de me forger, de grandir. C’est un grand cadeau. Ces difficultés m’ont beaucoup appris.
Dans le domaine du sport, beaucoup de personnes, et j’en suis, sont du métaprogramme recherche difficulté. Je n’ai pas ou peu de plaisir à pratiquer un sport trop facile et qui ne demande que peu d’effort. Il y a beaucoup de situations de vie où je pourrais dire aussi que je suis plus orienté métaprogramme recherche difficulté.
Ces différentes expériences de vie m’ont fait pressentir qu’il existe en chacun d’entre nous deux tendances de motivation opposées et complémentaires que j’assimile à des métaprogrammes. Ces métaprogrammes n’ayant, à ma connaissance, pas été décrits, auparavant, je souhaite dans cet article en développer les caractéristiques et les applications possibles dans trois domaines : le marketing, la formation et l’éducation.
Introduction
La PNL est une approche puissante et claire de l’expérience humaine et de la communication. Elle s’intéresse à la manière dont les êtres humains appréhendent le monde avec leur neurologie et comment ils communiquent avec eux-mêmes et avec leurs semblables. Les auteurs de la PNL, Richard Bandler et John Grinder ont notamment décrit comment nous filtrons les informations qui nous viennent de notre environnement et des personnes avec qui nous communiquons.
Les métaprogrammes tels que décrits par Richard Bandler et John Grinder font partie de ces filtres de la pensée, de ces stratégies que nous avons mises en place pour regarder le monde. Ces filtres que l’on peut comparer à ceux que nous avons sur les applications appareil de photo de nos smartphones nous font voir la vie en noir et blanc, en magenta, en couleurs vives ou encore d’une autre manière. Selon le filtre que nous utilisons, la même situation peut nous faire ressentir des émotions de tristesse et de nostalgie ou au contraire des émotions de joie et de plaisir.
Les métaprogrammes sont en grande partie inconscients, ils ont été développés par notre expérience de vie, par l’influence de nos parents, de nos amis, de notre culture et par bien d’autres facteurs.
Ce qui est certainement encore plus intéressant dans ce qu’a décrit la PNL, c’est que ces métaprogrammes ne sont pas figés. Ils peuvent être modifiés par certaines approches qui ont été décrites très précisément par la PNL. Ces approches agissent au niveau conscient et inconscient à la fois, ce qui en fait leur force
Les métaprogrammes étant en large partie inconscients, comme je l’ai déjà dit, il s’agit dans un premier temps d’en prendre conscience. Et ensuite de cerner quels métaprogrammes nous influencent le plus dans nos prises de décision, dans nos comportements, dans nos actions ou dans nos croyances.
Description
Les métaprogrammes recherche facilité/recherche difficulté existent simultanément en chacun d’entre nous. Par contre nous pouvons être plus ou moins à droite ou à gauche sur le curseur.
• Si nous sommes plus du côté recherche facilité, dans la vie nous allons être plus attirés par ce qui est proche de nous, ce qui demande peu d’efforts et qui permettra une jouissance rapide. Nous allons probablement souvent développer des comportements de procrastination.
Les personnes qui sont dans la recherche facilité se reconnaissent dans le fait qu’elles abandonnent assez facilement des objectifs difficiles à atteindre. Elles vont par contre être très fortes pour trouver des raccourcis, des chemins de facilité ou des stratégies qui permettent d’obtenir des résultats facilement et rapidement. Cette façon de faire leur attire en général beaucoup de sympathie et elles sont souvent entourées de nombreux amis. Elles peuvent paraître plus optimistes dans les situations où cela se passe bien. Elles peuvent être aussi très brillantes dans des domaines où elles ont une certaine facilité, où elles se sentent à l’aise.
Des stratégies problématiques que l’on peut observer chez les personnes ayant un métaprogramme recherche facilité prépondérant c’est :
o ignorer ou nier le problème : un exemple pourrait être l’attitude du gouvernement américain actuel face au problème du réchauffement climatique. Ou un autre exemple, une entreprise avec une vision à très court terme qui néglige d’investir dans la recherche et le développement pour privilégier des dividendes très élevés pour ses actionnaires.
o rabaisser les exigences, mettre la barre trop bas avec les risques d’atteinte trop facile de l’objectif, d’ennui et de démotivation.
• Si nous sommes plus du côté recherche difficulté, nous rechercherons plutôt les challenges difficiles, les choses inhabituelles, éloignées, les comportements d’effort, de persévérance, de curiosité pour avoir du plaisir.
Un exemple extrême de ce métaprogramme recherche difficulté pourrait être Mike Horn, un explorateur des temps modernes bien connu pour avoir atteint, entre autres exploits, seul et sans assistance le pôle Nord et le pôle Sud après des mois de marche dans des conditions à peine imaginables. A l’arrivée de son périple en Antarctique, il a déclaré aux journalistes qu’il n’allait pas s’arrêter là et qu’il avait encore de très nombreux projets tous plus extrêmes les uns que les autres.
Le métaprogramme recherche difficulté extrême a de nombreuses conséquences négatives possibles :
• Il peut créer du stress, de l’épuisement, des maladies
• Il peut être un facteur important de burnout
• Il peut être source d’insatisfaction en cas de non réussite
• Il peut créer des tensions importantes avec les collaborateurs, l’entourage surtout s’ils ne comprennent pas les besoins de la personne
• Dans le domaine de l’amour vous seriez étonnés de découvrir comme beaucoup de personnes recherchent la difficulté. Et je ne parle pas que de Phèdre ou d’Œdipe, les personnages des tragédies de Racine, mais depuis la nuit des temps les êtres humains semblent rechercher la difficulté dans l’amour : l’amour impossible, l’amour à sens unique, le prince charmant.
Par contre les avantages de ce métaprogramme sont importants également :
• Une ambition importante qui peut amener à des succès
• Une force de travail très stimulante pour le groupe
• Un soucis du travail bien fait
• La recherche de nouveaux domaines d’exploration
• L’audace et la prise de risque
• La persévérance
• Une vision à plus long terme
Applications dans le domaine du marketing
La grande majorité des publicités prône le facile, le rapide, le simple. Elles s’adressent donc à des personnes qui sont recherche facilité. Elles risquent par contre de manquer la cible avec les personnes qui sont recherche difficulté ce qui représente probablement un pourcentage important de la population. Il n’y a pas encore été de statistique sur la prévalence de ces deux métaprogrammes.
Si on cherche à atteindre un public de managers, de personnes influentes dans leur domaine, de personnes qui ont beaucoup d’ambitions, il me paraît important de tenir compte du métaprogramme recherche difficulté.
Apprenons à utiliser un langage difficulté dans le marketing
Pour développer le métaprogramme recherche difficulté dans le marketing on pourrait par exemple :
• produire et publiciser des fruits difficiles à peler, d’aspect plus rustiques, mais avec un parfum et un goût très riches
• des plats particuliers très difficiles à faire, qui nécessitent beaucoup de préparation et de temps, mais qui procurent un plaisir infini pour les yeux et pour le palais
• des meubles très difficiles à monter mais totalement originaux
• des jeux très difficiles à comprendre et à jouer
Applications dans le domaine de la formation
Il existe des offres dans presque tous les domaines pour des formations écourtées, facilitées, sans efforts. La mode est au e-learning qui ne nécessite plus de se déplacer, qui permet de gagner du temps, qui nécessite moins d’infrastructures pour les instituts de formation ou les entreprises qui souhaitent former leurs collaborateurs. De plus le participant et le formateur n’ont pas à se confronter au stress que représentent l’intégration ou la gestion d’un groupe.
De nouveau les personnes recherche difficulté et celles avec des exigences élevées, ne vont pas être motivées par ce type d’offres. De plus, les risques d’une diminution de la qualité des formations, d’un nivellement par le bas, sont bien réels. Le troisième problème concerne surtout les formations en management, en coaching ou en PNL telles que celles que nous proposons à BrieF’R Formations : il est parfaitement illusoire de penser apprendre des techniques de communication seul derrière un écran ! L’émulation et même la confrontation au groupe est très importante dans ces domaines de formation.
Apprenons à utiliser un langage difficulté aussi dans la formation
Pour développer le métaprogramme recherche difficulté dans la formation on pourrait par exemple proposer :
• des formations exigeantes, nécessitant un travail important, avec des diplômes reconnus
• des formations exigeantes en anglais ou en allemand proposées par des formateurs renommés au niveau international et avec l’avantage pour le participant de développer du même coup une meilleure maîtrise des langues
• des formations en petits groupes qui permettent de se confronter à d’autres professions, à d’autres visions du monde, à des personnalités riches et différentes.
• de développer plus de compétences dans le difficile travail d’équipe par le biais de la formation
• Se mettre des objectifs en dehors de sa zone de confort
Le message d’accompagnement devrait aussi être d’éviter les objectifs inatteignables, qui peuvent, eux, par contre s’avérer démotivants !
Applications dans le domaine de l’éducation
La publicité, la société et une bonne partie de l’éducation prônent la recherche facilité. On vante les méthodes qui permettent de gagner du temps, d’obtenir les choses plus facilement. Il n’est pas étonnant que les enfants actuels aient de la difficulté avec les tâches difficiles.
Beaucoup de parents, par amour certainement, cherchent à protéger leur enfant, à leur faciliter la vie à tout prix. Dans le domaine de l’éducation il est malheureusement devenu complètement désuet de vouloir parler de difficultés ou d’efforts. Un professeur qui emploierait ces mots risquerait très vite d’être confronté à des parents en colère venus protéger leur pauvre bambin !
Le problème, l’effet boomerang surgissent souvent à l’adolescence car l’enfant a besoin aussi de se confronter à la difficulté de la vie. Et il risque en fait de se mettre dans des situations de danger, de choisir des sports extrêmes, la drogue ou des automutilations. La difficulté peut effectivement être extrême mais le danger aussi !
Apprenons à utiliser un langage difficulté dans l’éducation
Les métaprogrammes peuvent être modifiés par l’environnement, l’éducation. Peut-être qu’on pourrait développer plus le métaprogramme recherche difficulté chez les enfants et chez les jeunes.
Pour développer le métaprogramme difficulté, on devrait réintroduire les mots : difficile, effort, lent et dur dans l’éducation des parents, dans l’éducation scolaire.
• C’est chouette ce que nous allons faire va être très difficile
• Je suis sûr que tu vas avoir beaucoup de difficulté à apprendre ce nouveau sport et tu vas avoir beaucoup de plaisir
• Ce qu’il y a de génial dans ce jeu c’est que c’est très difficile
• C’est difficile de se faire de bons amis et c’est difficile de les garder, c’est formidable comme tu y arrives bien.
• Ce livre est d’un niveau de difficulté qui te correspondra très bien
• J’aime résoudre les problèmes difficiles
• C’est difficile de se distinguer des autres et c’est un plus dans la vie
• Ça va être dur, on va en baver, mais vous verrez on va y arriver
Ce sont des messages qui peuvent être très stimulants. Les enfants adorent les défis, les adultes adorent les challenges. Donc apprenons à utiliser un langage difficulté
Un des meilleurs moyens pour obtenir l’adhésion et la motivation des étudiants selon certaines méthodes d’apprentissage accéléré est de mettre l’élève ou l’étudiant face à une difficulté extrème, un problème très difficile à résoudre. Cette manière de faire stimule chez l’étudiant la curiosité, augmente les attentes et l’envie de prouver qu’il peut y arriver.
Les enfants auraient beaucoup d’avantages à développer plus la recherche difficulté. Est-ce que le plaisir n’est pas multiplié lorsqu’on a eu de la difficulté à obtenir quelque chose, qu’on a dû se battre pendant des jours, des semaines ou peut-être des années ?
Le petit garçon ou la petite fille qui regarde son papa en disant c’était difficile hein papa ! avec un grand sourire, il ou elle a appris quelque chose de très précieux !
Conclusion
La PNL est une approche pragmatique et évolutive. J’espère avoir pu démontrer que la notion de « métaprogramme » est une notion pratique, en lien avec ce que chacun vit dans sa vie de tous les jours et qui a des applications dans de nombreux domaines.
Même si les métaprogrammes recherche facilité/recherche difficulté peuvent se recouper avec d’autres métaprogrammes, il s’agit d’une notion nouvelle qui démontre notamment que la PNL est une approche qui continue à se développer.